Les cadets de Mafeking

Il s’agit d’une saynète sur la bataille de Mafeking qui raconte la nuit où « le scoutisme est né ».

Introduction

Il s’agit d’une saynète sur la bataille de Mafeking. Elle demande comme toute saynète beaucoup de temps de répétition et d’apprentissage. Car le texte doit être connu par coeur et il faut aussi travailler la mise en scène, les entrées et sorties de scènes, l’utilisation des accessoires, des costumes, etc. Elle pourra être présentée pour une fête de groupe ou un feu de camp.

L’histoire

Mafeking, décembre 1899. Le général Robert S. Baden-Powell est encerclé dans une petite ville d’Afrique du sud qui ne compte pas plus de neuf mille âmes dont un millier d’hommes à peine entraînés au maniement des armes. En face : dix mille Boers aguerris assiègent la ville depuis déjà deux mois.

La nuit est calme. L’artillerie Boer a cessé de pilonner la ville depuis quelques heures et à présent la plupart des soldats sont couchés.

« Quelle belle nuit étoilée ! Se dit la sentinelle chargée de la surveillance de l’intendance du camp. Il se prend à rêver de sa belle ferme sud-africaine. Il revoit sa femme, ses enfants, ses amis, les prairies, les forêts et les rivières qui jouxtent ses terres.

— Vivement que cette maudite guerre soit finie et que l’on coince enfin ce diable de Baden-Powell !

Perdu dans ses songes, il ne voit pas les deux fines silhouettes qui s’approchent de lui dans la nuit. L’un d’eux parvient à se faufiler dans la tente discrètement et ressort peu de temps après. Mais la sentinelle l’a entendu.

— Halte là ! Qui va là ?

Il se lève précipitamment et s’élance à la poursuite des deux intrus. Il ne fait pas deux pas qu’il s’étale de tout son long sur le sol. Il n’avait même pas remarqué que le second avait habilement noué ses lacets de chaussures. Il jure, il crie pour ameuter du monde et frappe du poing rageusement, mais les farceurs sont déjà loin.

— D’où sortez-vous tous les deux ? Crie un vieux sergent aux deux jeunes garçons qui viennent de rentrer à Mafeking. Encore toi, Warner ! Ne me dis pas que tu es encore allé risquer ta peau chez les Boers !

— Mais sergent, j’ai dégoté de la viande et du pain !

Il a autour du cou un chapelet de saucisses et sous les bras deux énormes miches de pain.

— J’veux pas savoir ! Hurle le sergent. Demain j’t’emmènerai voir le général et il t’passera un savon dont tu te souviendras longtemps !

Le lendemain, au Head quarter, on le fait entrer dans le bureau du général Baden-Powell.

— Comment t’appelles-tu et quel est ton âge ? Lui assène-t-il directement.

— Warner Goodyear et j’ai treize ans, Sir ! Répond le garçon sans se démonter.

— Cela fait quelques temps que je t’observe. Sais-tu pourquoi on t’a fait venir ici ?

— À cause de ce que j’ai fait hier soir ?

Le général Baden-Powell se lève et poursuit en faisant les cents pas.

— Ce que tu as fait hier soir, les autres soirs, toutes les fois où toi et tes camarades filiez en douce les soldats lors des opérations, ou encore lorsque vous suivez les trajectoires des obus au lieu de vous mettre à l’abri comme tout le monde.

— Mais. Il n’y a pas que moi qui.

— Justement ! J’ai une proposition à te faire à toi et tes amis. Que dirais-tu si l’on te donnait un uniforme et que l’on t’envoyait exécuter quelques missions pour nous ?

— Ce serait. formidable !

— Alors tu reviendras demain matin ici avec tous tes camarades. Bien sûr, vous n’aurez pas d’armes, mais vous recevrez un entraînement qui vous permettra d’acquérir la discipline et la stature d’un bon soldat.

— Yes, Sir ! Je suis votre homme !

Le lendemain à la première heure, devant les yeux médusés des habitants, une quarantaine de jeunes garçons s’amassent devant le Head quarter. La scène est plutôt cocasse. Un lieutenant leur donne à chacun une chemise d’uniforme et les plus gringalets d’entre eux ont les manches qui pendent presque jusqu’au sol. Mais ils sont fiers et se tiennent au garde-à-vous en bombant démesurément le torse avec un sourire jusqu’aux oreilles.

— Boys ! Crie le sergent sorti pour mettre un peu d’ordre.

— Yes, sir ! Lui répondent-ils aussi sec.

— Nous allons tout d’abord vous enseigner un peu de discipline.

Et toute la troupe s’élance au pas de course, se jetant au sol à chaque coup de sifflet du sergent.

Dans le Head quarter, certains s’interrogent.

— Général, vous ne comptez tout de même pas envoyer ses gamins se battre en première ligne ?

— Bien sûr que non capitaine, mais ils peuvent malgré tout nous rendre de fiers services. De plus, cela évitera qu’ils n’en fassent qu’à leurs têtes et qu’ils prennent des risques inconsidérés. Dieu sait ce que ces têtes brûlées pourraient encore inventer. J’ai remarqué que plusieurs d’entre eux étaient fort habiles et très vifs. Ils feront sans aucun doute des estafettes de première classe. D’autres ont fait preuve d’une discrétion et d’un silence remarquables dans leurs déplacements, ils pourront espionner les lignes ennemies à bonne distance et nous obtenir des informations capitales. Et enfin les plus jeunes relaieront les sentinelles aux surveillances des abords de la ville. Cela permettra à nos hommes de souffler un peu.

— Et bien, général, voilà des méthodes peu orthodoxes qui peuvent bien faire basculer la situation en notre faveur.

— Je l’espère, capitaine. Je l’espère. Mais je me demande si ces garçons et moi-même avons bien conscience des enjeux de ce que nous entreprenons ici. »

Quelques mois plus tard, Baden-Powell remporte son pari et Mafeking est sauvée. Les jeunes cadets de Mafeking ont pleinement rempli leur mission. Ils ont joué un rôle déterminant dans cette victoire et ils ont prouvé au monde entier que la jeunesse peut faire preuve de courage et de bravoure.

En 1907, alors à la retraite, Lord Baden-Powell décide de camper avec quelques garçons sur l’île de Brownsea pour y expérimenter une nouvelle pédagogie qui avait germé dans sa tête quelques années auparavant dans la ville Mafeking.

Cet été-là, le scoutisme est né.

Quelques conseils de mise en scène

On peut avoir un narrateur sur scène qui viendra introduire et clore le numéro. Il est souhaitable qu’il connaisse son texte par cour pour qu’il l’interprète comme un conteur.

Pour toute la saynète, il suffit de suivre les indications du texte pour mettre en place la mise en scène. Cependant, pour toute la fin du texte, c’est-à-dire le dialogue de Baden-Powell et de son capitaine et la conclusion du narrateur, il faut prévoir des illustrations du texte par des mimes, des ombres chinoises ou des tableaux vivants.

Pour le passage « Ils feront sans aucun doute des estafettes de première classe. D’autres ont fait preuve d’une discrétion et d’un silence remarquables dans leurs déplacements, ils pourront espionner les lignes ennemies à bonne distance et nous obtenir des informations capitales. Et enfin les plus jeunes relaieront les sentinelles aux surveillances des abords de la ville. », on prévoira plusieurs scènes illustrant chaque action.

Et pour la fin « En 1907, alors à la retraite, Lord Baden-Powell décide de camper avec quelques garçons sur l’île de Brownsea pour y expérimenter une nouvelle pédagogie qui avait germé dans sa tête quelques années auparavant dans la ville Mafeking. », on fera de même en montrant une patrouille partant camper avec BP et tous les garçons saluant sur la dernière phrase « Cet été-là, le scoutisme est né ».